Tuesday, October 27, 2009


Portrait : La métamorphose de Guido Westerwelle

LE TEMPS: Le nouveau vice-chancelier allemand a mis longtemps à être pris au sérieux. Portrait d’un libéral sans idéologie

Habituellement, lorsqu’il se présente devant les caméras, Guido Westerwelle, patron des libéraux allemands, a toujours une grimace un peu comique qui trahit son embarras et un peu de manque de confiance en lui. Mais au soir du 27 septembre, alors que son parti, le FDP, atteint le plus haut score de toute son histoire – 14,6% – le visage de Guido Westerwelle, bien que souriant, reflète la maîtrise de soi. Sa gestuelle est déjà celle d’un homme d’Etat.

Plutôt que de laisser éclater sa joie, il tient à contrôler son image: «Nous n’allons jamais lâcher prise», promet-il à ses fans. Cette fois, pourtant, ça y est, la troisième tentative aura été la bonne, les libéraux sortent de onze ans d’opposition.

Et lui, Guido Westerwelle, 48 ans en décembre, l’ancien mauvais élève de la Realschule, le «clown politique» raillé par les médias, le «petit matelot» snobé par les caciques conservateurs a pris sa revanche: demain il marchera sur les traces de l’illustre Hans-Dietrich Genscher, son prédécesseur libéral qui dirigea la diplomatie allemande durant dix-huit ans.

Quelle revanche pour ce Rhénan, né près de Bonn de parents juristes qui divorceront très vite. Elevé par son père, resté seul, avec un frère et deux demi-frères dans une maison chaotique qu’il appellera «la villa bariolée», il en viendra à détester l’esprit du temps, cette période soixante-huitarde libertaire et désécurisante. Une partie de son agressivité contre la gauche et les écologistes vient de cette frustration d’adolescent snobé par les fils de bourgeois de la gauche intellectuelle. C’est d’ailleurs l’ex-soixante-huitard Joschka Fischer, auquel il succédera à la tête de la diplomatie, qui aura été sa bête noire durant toute sa carrière politique.

Lui, l’homme à la cravate si ajustée qu’il semble né avec, aura toujours eu en horreur la mode déguenillée de sa génération et le «no future» de son entourage d’ado. Peu intéressé par la matière scolaire, relégué en Realschule sans grandes perspectives, il a trouvé sa voie comme rédacteur d’un journal d’élèves, Ventil. >>> Yves Petignat | Mardi 27 Octobre 2009

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