LE TEMPS: Pour la première fois, le leader libyen s’est adressé à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, juste après Barack Obama. Le colonel a notamment évoqué la réforme du Conseil de sécurité qu’il nomme le «Conseil de la terreur»
Les membres de la Nation de l’islam de Louis Farrakhan sont au premier rang. Alignés comme les fantassins d’une armée au garde-à-vous, impeccablement habillés à l’identique avec leur nœud papillon rouge, ils célèbrent l’arrivée dans cette partie de la terre d’islam du «roi des rois d’Afrique». Dans un moment, «frère Mouammar Kadhafi» montera à la tribune des Nations unies. Un honneur. Un privilège, note l’un des orateurs, de recevoir un chef d’Etat qui n’est pas préoccupé «par le chiffre d’affaires de Burger King» mais par le bien-être de l’humanité.
Un «meurtrier de masse»
La première visite aux Etats-Unis du Guide de la Révolution libyenne, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, soulève les passions à New York. Non seulement parce que les détracteurs du colonel (réunis eux aussi dans une manifestation parallèle devant le siège des Nations unies) le considèrent comme un «meurtrier de masse» coupable de crimes contre l’humanité. Mais parce que sa visite, au cours de laquelle on lui a refusé tout tapis rouge et le droit de s’installer dans une tente du désert comme il le souhaitait, est aussi d’une certaine manière un test pour le président Barack Obama. L’Amérique est désormais prête à tendre la main à ses ennemis. Oui, mais eux, qu’ont-ils dans la tête?
Les Suisses peuvent respirer. Dans son discours fleuve, le colonel n’a à aucun moment mentionné ce pays dont il s’était engagé à demander le dépeçage, après l’inculpation à Genève de son fils Hannibal. Dans ses diatribes, dont le rythme semait même son traducteur, le colonel a en revanche évoqué pêle-mêle la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU (le «Conseil de la terreur»), au sein duquel devrait être aboli le droit de veto, l’invasion américaine de la Grenade de 1983, le virus de la grippe «créé dans un laboratoire», l’assassinat de John Kennedy, fruit d’un complot. L’Assemblée générale de l’ONU? >>> Luis Lema | Jeudi 24 Septembre 2009