LE FIGARO: Malgré un îlot de tolérance à Istanbul, le pays reste profondément réfractaire à l'égalité des droits des homosexuels.
Sous la pression des slogans «Nous ne nous tairons pas», «Nous existons, il va falloir s'y habituer», le cordon de policiers s'est finalement résolu à laisser le champ libre à la Marche des fiertés homosexuelles.
Dimanche, environ deux mille personnes ont descendu l'avenue de l'Istiklal, à Istanbul, dans un joyeux brouhaha, rythmé par les percussions et les coups de sifflet. Comparé à l'exubérance des fêtes programmées dans les villes européennes, le défilé est resté sage. Mais, profitant de la démocratisation du pays, il a pris de l'assurance : en 2003, une cinquantaine de militants seulement, dont une bonne partie avec le visage dissimulé, avait osé participer au premier rassemblement gay et transgenre. Dans le monde musulman, la Turquie tient une place à part. L'homosexualité n'est pas condamnée par la loi, des artistes affichent leur identité sexuelle et des drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel flottent à l'entrée des bars gays du quartier de Beyoglu, à Istanbul. En dehors de cet îlot de tolérance, les actes de violence restent cependant répandus et l'homophobie est toujours profondément ancrée dans les mentalités : une étude de la Tesev, un think-tank turc, montre par exemple que près de sept personnes sur dix refuseraient des voisins homosexuels. >>> Laure Marchand, à Istanbul | Mardi 30 Juin 2009