Thursday, May 28, 2009

L'ami «infidèle»
de Ben Laden

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Nasser al-Bahri, plus connu sous son nom de guerre Abou Jandal, dans son appartement de la capitale yéménite, Sanaa, en février dernier. Photo grâce au Figaro

LE FIGARO: Nasser al-Bahri, alias Abou Jandal, va ouvrir un centre pour la réhabilitation d'anciens djihadistes au Yémen. Cet homme a été pendant trois ans, de 1997 à 2000, le garde du corps d'Oussama Ben Laden, l'homme le plus recherché du monde. Aujourd'hui, Abou Jandal, qui prône « la guerre sainte par les idées pour construire son pays », vit sous la menace d'al-Qaida.

Par la fenêtre, Nasser al-Bahri nous fait signe discrètement de monter. Abou Jandal - son nom de guerre - vit dans un modeste appartement, non loin de l'ambassade américaine, à Sanaa. Pas de photo d'Oussama Ben Laden aux murs. À 37 ans, l'ancien centurion de l'homme le plus recherché au monde a tourné la page de la «guerre sainte» contre l'Occident. Mieux, il s'apprête à ouvrir un centre - «Générations» -, destiné à remettre sur le droit chemin tous les égarés, prêts à aller se battre aux quatre coins du monde au nom du djihad. Mais l'homme a-t-il vraiment changé ?

Assis en tailleur dans son salon meublé en tout et pour tout d'un simple ordinateur, Abou Jandal égrène ses souvenirs : le chef d'al-Qaida «capable d'écouter ses adversaires», mais aussi les profondes divergences entre leaders d'une nébuleuse cosmopolite, condamnée à la clandestinité. Sous son collier de barbe, le visage restera impassible pendant les quatre-vingt-dix minutes de l'entretien.

Chaque jour, pendant plus de trois ans, entre 1997 et 2000, Abou Jandal a surveillé la plupart des faits et gestes de Ben Laden. Sa journée commençait à 5 heures, au réveil de «Cheikh Oussama». «Ben Laden passait ensuite une heure à lire le Coran, avant la prière du lever du jour», se souvient-il.

Le vendredi, le leader d'al-Qaida avait l'habitude de jouer au football. Lui et ses amis originaires de la péninsule arabique affrontaient les autres djihadistes du Moyen-Orient ou du Maghreb, emmenés par l'Égyptien Abou Hafs al-Masri, tué fin 2001, dans un bombardement américain. Ben Laden rentrait ensuite à la maison prendre le petit-déjeuner avec ses enfants. Souvent, c'est lui qui prononçait le prêche de la mi-journée. Avant un déjeuner collectif sous un hangar. Puis un moment d'isolement, juste avant la dernière prière, celle du coucher de soleil. Une journée type d'Oussama Ben Laden dans son sanctuaire afghan de Kandahar, que les Américains détruiront après les attentats du 11 septembre 2001. >>> D’envoyé spécial du Figaro à Sanaa, Georges Malbrunot | Jeudi 28 Mai 2009