LE MONDE: Dimanche 25 novembre, au lendemain de sa victoire écrasante sur le Parti libéral de John Howard, le nouveau premier ministre travailliste australien, Kevin Rudd, est allé à la messe en famille. Puis il a annoncé que l'Australie signerait le protocole de Kyoto.
Ces quelques gestes symbolisent les raisons du succès de Kevin Rudd et de sa campagne pour "un nouveau leadership". Arrivé il y a moins d'un an, en décembre 2006, à la tête du Labor, ce diplomate de 50 ans a su jouer sur la lassitude de l'électorat à l'égard de M. Howard qui, à 68 ans, dominait la politique australienne depuis douze ans, et exploiter ses deux erreurs majeures de jugement, tout en se posant comme le défenseur des familles et des valeurs australiennes en menant une campagne centriste et en se définissant comme "économiquement conservateur".
Les Australiens ont trouvé un mot pour cela : le "me too-ism", la technique du "moi aussi". Une fois marquée sa différence sur le changement climatique, que John Howard a fatalement négligé, et sur l'Irak, où le premier ministre conservateur a engagé l'Australie aux côtés des Etats-Unis, Kevin Rudd s'est parfois montré plus royaliste que le roi, reprochant à M. Howard d'encourager l'inflation par un programme de dépenses publiques excessives, défendant un système d'"immigration ordonnée" et refusant les engagements réclamés par les Aborigènes. Il rejette l'étiquette de "gauche" à laquelle il préfère celle de "moderniste". >>
Mark Alexander