LE MONDE: Peu regardante sur l'origine des richesses qu'elle gère à bon escient, la City a toujours été une "vieille dame permissive". En revanche, la première place financière européenne se montre stricte en matière de moeurs, en particulier sur l'homosexualité. Dans la haute finance, le gay n'est pas toujours rose. La mésaventure survenue à Lord Browne, contraint de quitter le 1er mai la direction générale du géant des hydrocarbures BP après la révélation par la presse tabloïde d'une liaison avec un prostitué, souligne la persistance de l'homophobie ordinaire dans la vie britannique des affaires.
Les penchants de M. Browne étaient certes connus du microcosme industriel. La presse présentait le patron de la troisième compagnie pétrolière au monde comme "un célibataire endurci", façon de dire sans le dire qu'il était gay. Mais l'intéressé avait choisi de ne jamais parler de sa vie privée aux médias. S'il avait avoué son homosexualité, Lord Browne n'aurait jamais pu gagner l'ultime marche du piédestal de la multinationale. En effet, rares sont les patrons britanniques à avoir franchi le pas en avouant leur orientation sexuelle. Ceux qui en ont eu le courage étaient en fin de carrière, comme le président fondateur de la compagnie aérienne BMI, Michael Bishop, ou étaient des entrepreneurs, à l'instar de Lord Alli, le magnat de l'audiovisuel. Homophobie ordinaire à la City, par Marc Roche (encore)
Mark Alexander