LE FIGARO : ENTRETIEN - L’ex-impératrice d’Iran, qui a fêté ses 87 ans le 14 octobre, a reçu chez elle Le Figaro Magazine. L’occasion de revenir sur son destin hors du commun… et d’évoquer l’avenir de son pays.
Un appartement parisien, quelques tableaux et des photos de famille soigneusement encadrées. Par les fenêtres, on voit la Seine, indolente, qui roule ses eaux grasses. Un petit chien – Mowgli – accueille les visiteurs. C’est ici que vit en exil la dernière impératrice d’Iran, Farah, 87 ans. La voilà : une silhouette élégante, d’une élégance apaisée qui traverse le temps sans en trahir la gravité. Et ses yeux : on y lit la douceur et la douleur, la tendresse pour ce qui fut et la dignité de ce qui reste. Il y a, dans ce regard-là, tout un monde : non pas celui qui a disparu, mais celui qu’elle continue de porter en silence. On y devine aussi l’espoir tenace d’un autre avenir pour l’Iran.
Car quarante-six ans après son avènement, la République islamique d’Iran vacille, tout au bord du gouffre, frappée de l’extérieur et minée de l’intérieur par la colère de la population, éreintée par la misère, des années de corruption et l’incapacité – ou le refus – du gouvernement d’écouter le peuple et de se réformer. Dans ce pays de 88 millions d’habitants – dont l’âge moyen est de 32 ans –, les deux tiers du territoire sont privés d’eau potable et deux personnes sur trois vivent au-dessous du seuil de pauvreté, malgré la rente pétrolière et gazière du pays. Des coupures d’électricité quotidiennes de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues, affectent la vie des entreprises et des institutions, obligées de fermer leurs portes plusieurs jours par semaine. L’inflation s’élève à 50 %. Dans les hôpitaux, la pénurie de médicaments et l’épuisement minent le moral du personnel médical, à bout de forces et de moyens. » | Par Emmanuel Razavi et Jean-Marie Montali, pour Le Figaro Magazine | dimanche 7 décembre 2025
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