LE FIGARO : REPORTAGE - Le président américain n’a rendu brièvement visite à la maison familiale que sur l’insistance de sa sœur, en 2008, au détour d’un parcours sur un de ses golfs.
Ici, on est à mille lieues des gratte-ciel, des volutes de fumée qui montent dans les rues et de l’opulence clinquante de la Trump Tower. On est même loin de toute agitation urbaine et des terres principales. Les Highlands d’Écosse sont à une soixantaine de kilomètres de là, à deux bonnes heures de ferry. C’est ici, sur l’île de Lewis, au cœur des Hébrides extérieures, qu’est née et a grandi Mary Anne MacLeod, la mère de Donald Trump. Avant d’émigrer vers les États-Unis pour une vie nouvelle.
À quelques tours de roues de la capitale de l’île, Stornoway, le village de Tong compte moins de trois cents âmes. En ce début septembre, l’air est chargé d’odeur d’algues et de terre humide. Peints de jaune, de vert et de brun, les champs de tourbe portent de longues cicatrices. La route serpente entre maisons et moutons. Rien ici ne rappelle les convulsions du monde. La seule puissance que l’on craint est celle des éléments, le vent déboule avec élan sans jamais se lasser. C’est ici que Mary Anne MacLeod naît en 1912. Portant le patronyme le plus usuel de l’île, elle est la cadette d’une famille de dix enfants. Son père est mi-fermier, mi-pêcheur, comme beaucoup de monde ici. Son grand-père maternel est d’ailleurs mort en mer. À la maison, on ne parle que le gaélique.
En 1930, alors qu’elle va avoir 18 ans, Mary Anne embarque pour l’Amérique. Elle n’est qu’une volontaire à l’exil parmi tant d’autres. De sa longue fratrie, une seule sœur reste au pays. « Cela n’a rien d’exceptionnel, les familles partaient par rangs entiers », commente Bill Lawson, pétillant vieil homme de 87 ans qui a consacré sa vie à l’histoire de l’île et à la généalogie de ses habitants. L’émigration avait commencé dès le XVIIIe siècle. La politique de « nettoyage » des terres menée dans les années 1820, chassant les paysans pour créer de vastes élevages de moutons, a accéléré l’exode. » | Par Arnaud De La Grange, envoyé spécial sur l’île de Lewis (Hébrides extérieures) | mercredi 17 septembre 2025
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