LE MONDE – CHRONIQUE : Entre le pouvoir iranien et une population aujourd’hui largement éduquée, conservatrice mais de moins en moins religieuse, la discordance est chaque jour plus frappante, constate, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
Elle visitait la capitale avec ses parents et son frère. L’automne est une bonne saison à Téhéran. On s’éloigne de la fournaise estivale et le grand froid est encore loin. Elle avait 22 ans, ne s’intéressait pas à la politique, plutôt aux chanteurs de l’époque. Mahsa Amini venait de la petite ville de Saqqez, dans le Kurdistan iranien (nord-ouest), une région socialement conservatrice.
Cette matinée du 13 septembre, elle avait pris le métro pour se rendre dans le centre de Téhéran et elle marchait le long d’un parc. Elle portait son foulard « islamique » : la théocratie au pouvoir l’impose depuis 1983. Passant par là, une camionnette de la police des mœurs interpelle la jeune femme : son foulard serait mal mis – peut-être trop en arrière. Mahsa Amini est embarquée puis conduite dans un commissariat. Quelques heures plus tard, elle est transportée à l’hôpital, dans un coma profond. Elle meurt, le 16 septembre. Elle est inhumée à Saqqez, le 17. Il n’y a pas eu d’autopsie. Morte pour une mèche de cheveux, dans la splendeur de ses 22 ans ? » | Alain Frachon | jeudi 6 octobre 2022
En Iran, la répression à huis clos : « Le corps et le visage de ma cousine sont couverts de bleus, mais elle refuse de raconter » : Les autorités ont encore durci leur censure d’Internet, bloquant les rares services occidentaux encore accessibles, comme Instagram ou WhatsApp. Selon une ONG, 31 personnes ont été tuées depuis la mort de Mahsa Amini. »