LE MONDE – EDITORIAL : La mort du dernier dirigeant soviétique jette une lumière crue sur l’action de son lointain successeur : il mit fin à la guerre en Afghanistan quand Vladimir Poutine a, lui, déclenché celle contre l’Ukraine.
Une dernière fois, il est célébré en Occident pendant que la Russie masque difficilement son mépris. Ce contraste résume brutalement le bilan de Mikhaïl Gorbatchev, emporté par l’âge et la maladie le 30 août, à 91 ans. Car son nom est resté synonyme de fin de la guerre froide pour l’Ouest, et de saboteur de la grandeur russe pour son pays.
Il n’avait ni prévu ni voulu la fin de l’URSS, « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle » selon son lointain successeur, Vladimir Poutine, qui macère dans ce sentiment d’humiliation depuis trois décennies. Mikhaïl Gorbatchev en fut le fossoyeur malgré lui. Il avait compris que le modèle économique soviétique, épuisé par la stagnation brejnévienne, la course aux armements et la guerre en Afghanistan, n’était pas viable. Pour le sauver, il voulut le réformer. Cela supposait de le restructurer – perestroïka – et de lever la chape de plomb qui pesait sur le système politique en instaurant la transparence – glasnost. Ces deux mots allaient l’accompagner jusqu’à la chute. » | Éditorial « du Monde » | mercredi 31 août 2022