Sunday, September 12, 2021

De Kaboul à Mossoul, l’extension du sentiment antiaméricain

Des manifestants antiaméricains brûlent la bannière étoilée, à Lahore (Pakistan), le 8 octobre 2001. STR/AFP

LE FIGARO : RÉCIT - Le mythe de l’Amérique bienveillante a volé en éclats depuis la campagne interventionniste de Bush, favorisant la percée des islamistes au détriment de la nouvelle génération qui a voulu croire aux promesses de démocratie.

Correspondante à Istanbul

Ce 13 novembre 2001, une tempête de joie balaye Islam Qala. Pendant la nuit, quelque chose de l’ordre de l’impossible s’est passé: chassés par les frappes américaines sur Kaboul, les talibans ont déserté le poste-frontière séparant l’Iran de l’Afghanistan. Entassés dans des voitures bondées de valises, les exilés filent sur la route cabossée qui les ramène à Hérat, tout juste affranchie du joug des islamistes. Au centre-ville, il pousse déjà des couleurs sur les visages, enfin rasés pour les hommes, enfin libérés de la burqa pour les femmes. Il fait froid. Le pays est à genoux. Mais la joie triomphe jusqu’au fond des jardins, où les habitants déterrent leurs instruments cachés en entamant quelques airs interdits. Aux nouveaux arrivants qui les assaillent de questions, ils racontent à l’unisson leur nuit blanche sur les toits, les yeux rivés vers le ciel, à applaudir les raids aériens initiés par George Bush pour se venger d’Oussama Ben Laden et pour garantir aux Afghans une fenêtre sur la démocratie. L’heure est à la reconstruction. À l’espoir. Au rêve américain. » | Par Delphine Minoui | dimanche 12 septembre 2021

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