Thursday, August 12, 2021

Au Café de Flore, l’ombre de Sartre et de Beauvoir

LE FIGARO : CAFÉS D’INTELLECTUELS EN EUROPE (4/6) - Au cœur d’un quartier qui se veut le poumon de la vie intellectuelle parisienne, le lieu est devenu le symbole de l’esprit germanopratin.

Si les prix ont flambé, la carte tout en sobriété du Café de Flore n’a pas beaucoup évolué depuis 1945.
Luc Nobout/IP3 PRESS/MAXPPP

Depuis plus de trois siècles, le café est un lieu de liberté emblématique de la vie intellectuelle sur le Vieux Continent. Là se fréquentent penseurs, écrivains et artistes. Les idées bouillonnent à la faveur des conversations, avant de se cristalliser dans des œuvres et de se diffuser dans la société. Voyage parmi ces cafés illustres que l’Encyclopédie appelait des «manufactures d’esprit».

En France, tout le monde est un peu un intellectuel au café du commerce. C’est au bistrot que naissent nos révolutions. Aujourd’hui encore, entre deux confinements, on râle au comptoir. Capitale des intellectuels et des barricades, Paris pullule de ces lieux où l’intelligentsia a refait le monde autour d’un bock, d’un café crème ou d’un pastis glacé. Chaque avant-garde aura son quartier. Dédaignant les salons aristocratiques, les philosophes débattent au Procope, puis au Café de la Régence, au Palais-Royal. Sous la Restauration et le second Empire, les dandys se retrouvent chez Tortoni, sur les grands boulevards. Après 1870, les peintres et les chansonniers occupent Montmartre, lustré de l’éclat tragique de la Commune. La rive gauche prendra sa revanche au «siècle des intellectuels» (Winock), et après la Première Guerre mondiale Montparnasse a été le cœur des Années folles.

Ce fut ensuite le sacre du «petit royaume dont trois cafés et une église marquent les frontières» (Boris Vian), Saint-Germain-des-Prés, quartier dont l’adjectif est devenu celui du pouvoir intellectuel à la française: germanopratin. » | Par Eugénie Bastié | Publié : mercredi 11 août 2021 ; mis à jour : jeudi 12 août 2021