Editorial du « Monde ». En juin 2016, au lendemain de la victoire de la campagne en faveur du Brexit qu’il avait conduite, Boris Johnson avait disparu, passant le week-end à jouer au cricket. Dépassé par un succès non anticipé, lâché par son compère Michael Gove, il avait renoncé à briguer Downing Street et à gérer la sortie de l’Union européenne (UE) pour laquelle il avait pourtant ardemment milité. Trois ans après, alors que le divorce avec l’UE tourne au cauchemar pour le Royaume-Uni, revoilà Boris Johnson en pole position pour succéder à Theresa May, dont il n’a cessé de savonner la planche.
Une partie de la biographie de Boris Johnson ressemble à celle d’un leader nationaliste ordinaire, comme l’Europe mais aussi les Etats-Unis en produisent désormais en quantité. Correspondant du Telegraph à Bruxelles dans les années 1990, souvent à coup de bobards sur de prétendues décisions de l’UE, il a largement contribué à la transformation de l’europhobie en cause populaire au Royaume-Uni et en arme redoutable pour le Parti conservateur, jusque-là proeuropéen. Qu’il prenne enfin aujourd’hui la responsabilité du Brexit pourrait découler d’une certaine logique. » | Éditorial | mercredi 12 juin 2019