LE FIGARO: Arrivé mercredi soir à Londres, le ministre des Affaires étrangères libyen est une prise de choix pour les alliés.
La défection du ministre des Affaires étrangères libyen, Moussa Koussa, paraît digne d'un roman de John Le Carré. Arrivé lundi en Tunisie par la frontière terrestre, il atterrit mercredi soir sur l'aéroport d'affaires de Farnborough, près de Londres, à bord d'un jet privé, ou, selon d'autres sources, d'un appareil militaire britannique. Coup de maître des services secrets occidentaux le lâchage de cet ancien chef des services de renseignements va faire mal à Kadhafi. Même s'il n'était plus au cœur du système politico-sécuritaire depuis un an environ, Moussa Koussa, 61 ans, est la boîte noire du régime. Comme les enregistreurs placés à bord des avions, il emporte avec lui l'historique d'un trajet sanglant, l'histoire des services secrets libyens depuis 1969. De l'époque du terrorisme à celle des négociations avec l'Occident.
Malgré la résonance comique de son patronyme («courgette» en arabe) Moussa Koussa n'a rien d'un amuseur, même s'il entame sa carrière par une gaffe monumentale. À peine nommé ambassadeur à Londres, il annonce en 1980 dans une interview au Times: «Les comités révolutionnaires ont décidé hier soir d'exécuter deux personnes de plus au Royaume-Uni, et je les approuve.» Le gouvernement britannique, qui le soupçonne déjà d'être chargé de superviser les assassinats d'opposants libyens en exil en Europe du Nord, lui donne 48 heures pour faire ses bagages. D'autant plus que, dans la même interview, l'éphémère ambassadeur chante les louanges de l'IRA, à laquelle Kadhafi envoie kalachnikovs, lance-missiles et explosifs militaires par bateaux entiers. Continuez à lire et écrire un commentaire » | Par Pierre Prier | Jeudi 31 Mars 2011