LE FIGARO: À Tripoli et Zawiya, les forces fidèles au régime sont intervenues brutalement vendredi.
Assises en rang d'oignons dans une salle de cours, une vingtaine d'adolescentes s'adonnent à un cours d'accordéon. «Les écoles sont ouvertes, la vie continue, il n'y a pas d'attaques contre la population. N'écoutez pas les chaînes étrangères, elles ne font que vous mentir !», raconte l'une d'elles, un micro sous la bouche. Le reportage, diffusé vendredi après-midi sur la télévision nationale libyenne, omet sciemment d'évoquer les nouvelles manifestations, violemment réprimées à coup de matraque et de gaz lacrymogène, à la sortie de la prière du vendredi.
«Il n'y aura pas de démocratie sans notre leader», promettaient depuis plusieurs jours des panneaux publicitaires qui ornent les carrefours de Tripoli. La démocratie version Kadhafi a pourtant une étrange couleur. Depuis jeudi, des chars ont été déployés tous les dix mètres sur l'autoroute principale qui mène vers la capitale. Le réseau Internet est totalement bloqué dans la partie nord-ouest du pays. L'accès aux principales chaînes satellitaires en langue arabe, al-Jezira et al-Arabiya est, lui, complètement brouillé. Quant à la centaine de journalistes actuellement présents à Tripoli, encombrants témoins d'une répression sans faille contre toute nouvelle tentative d'insurrection, ils ont été assignés à résidence dans leurs hôtels tout au long de la journée de vendredi. >>> Par Delphine Minoui | Vendredi 04 Mars 2011