Friday, March 04, 2011

Fissures au sommet du clan Kadhafi

Saïf Al-Islam, fils de la deuxième épouse du chef d'Etat libyen. Photo : Paris Match

PARIS MATCH: Entre le chef d’Etat libyen Mouammar Kadhafi et son fils Saïf Al-Islam les tensions s’accumulent, explique Zidan Mohammed, universitaire proche du pouvoir de Tripoli. Interview exclusive.

Docteur en sciences politiques de l’université Paris V, Zidan Mohammed est actuellement directeur du Centre des études diplomatiques, à Janzour, au Nord-Ouest de la Libye, à 12 kilomètres de Tripoli. Toujours en poste au ministère des Affaires étrangères, il explique les raisons de la décomposition du régime du Guide...

Quel est l’entourage de Kadhafi ? 
Il y a autour de lui une ancienne garde composée de militaires, notamment les plus gradés qui ont profité du système pour s’enrichir avec leurs familles sur le dos de la population, des technocrates et des affairistes peu qualifiés qui contrôlent une bonne partie de l’administration. A cela, il faut ajouter les membres des “Communautés Révolutionnaires” que le peuple, dans sa majorité, déteste depuis longtemps et qui ne font rien pour attirer la sympathie. Cette ancienne garde s’était organisée pour mener une guerre silencieuse contre les réformes de Saïf Al-Islam, le fils du Guide, en corrompant les nouveaux responsables et en barrant la route aux jeunes diplômés comme moi. Le poste de directeur de section France au ministère des Affaires Étrangères, dont j’assume la responsabilité, ne sert à rien car j’occupe d’anciennes toilettes comme bureau et je ne dispose d’aucun collaborateur!

Quel est le rôle de Saïf Al-Islam, le fils de la deuxième épouse de Kadhafi ? 
Ayant passé ces dernières années en Occident, en Autriche et en Angleterre, Saïf Al-Islam a montré une méconnaissance flagrante de la société libyenne. Il a ouvert une discussion avec les opposants politiques, mal perçue à l’intérieur du pays par les partisans du régime. Ces pourparlers avec les groupes salafistes, qui avaient promis d’abandonner la lutte armée en échange de la libération de tous les prisonniers islamistes, ont été un échec. C’est ce qu’on a appelé chez nous l’opération “Les Vagues de Liberté”, dont les derniers bénéficiaires ont pu quitter leurs cellules le 18 février, soit deux jours après la première manifestation ! Ils sont même parvenus à créer deux “émirats”, à Derna et à Al-Baida, dans l’Est du pays. >>> Interview Pascal Meynadier, Parismatch.com | Vendredi 04 Mars 2011