PARIS MATCH: En réaction au mouvement de protestation inapaisable et sans précédent depuis qu'il est au pouvoir, le président tunisien Ben Ali a fait de nouvelles annonces, concernant des baisses de prix et les droits de l'Homme. Il a aussi promis qu'il ne se représenterait pas en 2014. Jour historique ou simple manipulation du pouvoir? Sur place, les réactions de Tunisiens se contredisent.
«Je vous ai compris», a rabâché Zine el Abidine Ben Ali tout au long de son discours. «Je comprends les Tunisiens, je comprends leurs demandes. Je suis triste de ce qui se passe aujourd'hui, après 50 années au service de ce pays, mon service militaire, tous les différents postes, 23 années de présidence», a déclaré le président tunisien, qui s'exprimait pour la troisième fois depuis le début des émeutes il y a près d’un mois. Quatre jours seulement après avoir pris la parole à la télévision nationale, annonçant tout une série de mesures pour résorber le taux de chômage –cause initiale de la colère du peuple-, notamment la création de 300 000 emplois avant la fin 2012, celui qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1987 a réitéré, faute d’accalmie. Cette fois-ci, le président fondateur du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) est allé beaucoup plus loin, annonçant qu'il ne briguerait pas un sixième mandat en 2014. «J'ai dit en 1987 qu'il n'y aurait pas de présidences à vie. Je le répète à présent: pas de présidences à vie, a-t-il lancé. Je refuse de toucher à la Constitution, je ne changerai pas l'âge inscrit dans la Constitution», à savoir 75 ans alors qu’il en a 74.
En outre, pour réagir aux protestations concernant la cherté de la vie, l’homme fort du pays a promis une baisse des prix sur les produits de première nécessité tels que le sucre, le lait et le pain. Autre mesure importante: après la mort de dizaines de manifestants abattus par la police, qui tire à balles réelles pour disperser la foule, Ben Ali a ordonné aux forces de l’ordre de cesser l’usage d’armes à feu contre les manifestants. S’exprimant en arabe tunisien plutôt qu’en arabe littéraire, ce qui est symbolique car contraire à ses habitudes, il a assuré qu’il n’avait pas été informé de la gravité de la situation, selon Afrik.com. En réponse enfin à l’énorme besoin de liberté qui s’est finalement exprimé dans les rues tunisiennes –alors que tout est partie de l’immolation par le feu d’un jeune diplômé désespéré par le marché de l’emploi- le chef d’Etat s’est engagé à faire respecter la liberté de la presse. Il a promis de rouvrir les sites qui avaient été fermés, et de laisser leur liberté d’expression aux opposants. >>> Marie Desnos, Parismatch.com | Vendredi 14. Janvier 2011
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SPIEGEL ONLINE INTERNATIONAL: 'Tunisia Has Become North Africa's Belarus': An unexpected conciliatory speech by Tunisia's president has brought attention to lethal and long-simmering street protests in the repressive North African state. German commentators argue for caution, but say the protesters need to be heard. >>> Michael Scott Moore | Friday, January 14, 2011