LE MONDE: Simple coïncidence de l'actualité ou symptôme d'une "islamisation" du continent africain ? Au moment même où était annoncée, dimanche 25 juillet, l'exécution de l'otage français Michel Germaneau enlevé le 19 avril au Niger par "Al-Qaida au Maghreb islamique" (AQMI), une trentaine de chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) étaient réunis à Kampala (Ouganda) pour préparer la riposte après les attentats revendiqués par les Shabab, des islamistes agissant en Somalie qui, le 11 juillet, ont causé la mort de 76 personnes dans la capitale ougandaise.
Le sommet de Kampala, prévu de longue date, devait être consacrée à la lutte contre un autre fléau africain, la mortalité maternelle et infantile. Mais son ordre du jour a été bouleversé. "Ces terroristes peuvent et doivent être vaincus, a lancé dimanche le président ougandais, Yoweri Museveni. Agissons de concert pour les chasser d'Afrique. Qu'ils repartent en Asie ou au Moyen-Orient d'où certains viennent d'après ce que je comprends".
Les chefs d'Etat africains, dont la réunion doit s'achever mardi, devraient décider de renforcer l'Amisom, la Force de l'UA déployée en Somalie, contre les Shabab, qui contrôlent presque la totalité de ce pays dépourvu d'Etat depuis près de vingt ans. Les 6 000 soldats ougandais et burundais déjà présents dans la capitale, Mogadiscio, devraient recevoir 2 000 hommes en renfort. Un nouveau mandat leur permettant de passer à l'offensive devrait leur être donné. Les Occidentaux devraient fournir des hélicoptères et l'Afrique du Sud un appui naval pour assurer un blocus du port de Kismayo qui, contrôlé par les islamistes, est la principale entrée pour les armes et les munitions. Continuez à lire et écrire un commentaire >>> Philippe Bernard | Lundi 26 Juillet 2010