LE FIGARO: À 62 ans, le premier ministre belge, qui prendra ses fonctions à la tête de l'Union le 1er janvier, est un homme discret, rompu à l'art du consensus.
Les Vingt-Sept ont préféré le consensus au panache. À l'issue d'un sommet rondement mené, le Belge Herman Van Rompuy a été désigné jeudi premier président du Conseil européen, et la Britannique Catherine Ashton devient quasi-ministre des Affaires étrangères au poste de haut représentant.
Déjouant les pronostics de négociations à rallonges, les chefs d'État et de gouvernement ont prouvé leur capacité à s'entendre sur le visage de la future Europe. Il n'est pas sûr pourtant que leur double choix fasse rêver. Les deux lauréats sont des figures nouvelles sur la scène internationale et ont pleinement bénéficié des tractations entre grandes capitales qui peinaient à trouver un dénominateur commun.
Van Rompuy a réuni le soutien annoncé de Paris et Berlin. De son côté, le premier ministre Gordon Brown «a joué un jeu superbement machiavélique», soulignait-on de source diplomatique. Les Britanniques, qui soutenaient vent debout la candidature de Tony Blair pour la présidence, ont accepté de le lâcher en échange du poste de haut représentant. David Miliband, candidat idéal, n'a finalement pas sauté le pas. C'est donc Catherine Ashton, commissaire européenne au Commerce mais novice en politique internationale, qui s'est retrouvée, à 53 ans, propulsée au premier plan, dans un contexte porteur pour les femmes. Il ne lui manque à présent que la confirmation du Parlement.
L'hypothèse Blair étant levée, la voie était aussi ouverte pour Van Rompuy, qui représente l'antithèse du flamboyant Britannique. À 62 ans, le premier ministre belge a su s'imposer par sa maîtrise des dossiers et son art du consensus dans le sac de nœud de la politique belge. Des talents qu'il compte transposer au niveau européen lorsqu'il prendra ses fonctions, le 1er janvier : «Une négociation avec des vaincus est toujours une mauvaise négociation», a-t-il affirmé jeudi. Originaire d'un pays fondateur de l'Europe, conservateur comme la majorité des pays au Conseil, il parle français et cultive la discrétion - un avantage pour les grands pays qui craignaient d'envoyer à Bruxelles une diva leur faisant de l'ombre. «Celui qui sera appelé, c'est celui qui parle pour l'Europe» >>> Claire Gallen, à Bruxelles | Vendredi 20 Novembre 2009