Thursday, June 18, 2009

Ali Khamenei,
l'énigme iranienne


LE FIGARO: PORTRAIT - Il contrôle l'armée, la justice, la télévision, les gardiens de la révolution et les milices. Le guide suprême de la République islamique iranienne va devoir trancher pour mettre un terme aux manifestations qui secouent Téhéran.

Il incarne tous les mystères du régime iranien. Aucun journaliste étranger n'a pu le rencontrer depuis vingt ans. L'ayatollah Ali Khamenei ne reçoit jamais les ambassadeurs accrédités en Iran. Et sa parole est des plus rares. Derrière ses lunettes en écaille, sa barbe blanche et son turban noir des descendants du Prophète, c'est pourtant ce personnage énigmatique qui est au centre de la République islamique - son très officiel Guide suprême - depuis la mort en 1989 de son fondateur, l'ayatollah Khomeyni. Ce septuagénaire, amateur de marche en montagne, doit trouver une issue à la pire crise politique qu'ait connue l'Iran depuis 1979, après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, vendredi, à la présidence de la République. Accéder aux demandes du perdant, Mir Hossein Moussavi, de faire revoter les Iraniens ? Ou céder au rouleau compresseur de la répression, quitte à pousser le vaincu dans la dissidence, en l'érigeant comme chef de l'opposition ?

L'heure du choix va bientôt sonner. Or, choisir n'est pas son fort. Sur le papier, pourtant, le numéro un du régime dispose des quasi-pleins pouvoirs. Il contrôle l'armée, la justice, la télévision, les gardiens de la révolution - donc le nucléaire -, sans oublier les milices bassidjs en charge de la défense du régime. Mais comme en Iran rien n'est jamais simple, le guide est entouré d'une armée de conseillers - 1 700 environ - et placé sous le regard d'une demi-douzaine d'instances de régulation du système. «Khamenei n'est en fait que le primus interpares (le premier parmi les égaux)», souligne un diplomate occidental. En clair, l'ultime arbitre entre factions rivales au sommet de l'État, le défenseur d'un consensus minimum pour sauver un régime, contesté dans la rue depuis bientôt une semaine. >>> Georges Malbrunot, envoyé spécial à Téhéran | Mercredi 17 Juin 2009