Sunday, May 10, 2009

Les espoirs secrets 
de la jeunesse saoudienne

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Ahmed al-Omran, créateur de « Saudi jeans »,l'un des blogs les plus lus, revendique le port du jean et rêve de parfaire sa formation de pharmacien aux États-Unis : « Beaucoup de jeunes Saoudiens sont dans mon cas. Ils ont envie d'aller à l'étranger pour vivre un moment une vie de garçon ou de fille normaux. » Photo grâce au Figaro

LE FIGARO: Élevés dans une société aux règles figées, les jeunes adultes s'évadent grâce aux sitcoms et aux sites Internet de socialisation.

«Les jeunes se reconnaissent dans les personnages parce qu'ils parlent comme eux, explique Nayef. Certaines répliques sont difficiles à comprendre pour les moins de 40 ans» Une petite révolution dans une société compassée, gouvernée par des règles religieuses et patriarcales souvent étouffantes pour les adolescents et les jeunes adultes. Certes, les lignes rouges ne sont pas bien loin. La séquence la plus audacieuse met en scène un apprenti docteur obligé de se cacher sous un lit dans une salle de repos strictement réservée aux étudiantes. Il s'y était rendu pour faire réchauffer un plat au micro-ondes et a été surpris par l'entrée inopinée d'une jeune fille. Pas le moindre flirt en vue. Il y a pourtant une histoire d'amour, mais platonique.

«Mon personnage est amoureux d'une étudiante, mais n'ose jamais le lui avouer, et elle se marie avec un autre», explique Fayez.

Ciné-club informel

37 Degrés se permet toutefois quelques critiques de la société, comme ces scènes où les personnages pensent tout haut, pestant parfois contre le conformisme des aînés. Nayef y est pour beaucoup : c'est aussi lui l'auteur des scénarios. À 24 ans, ce surdoué, fils d'un attaché militaire et d'une éducatrice, vient de terminer ses études de médecine, dans la vraie vie cette fois. Il envisage de poursuivre une spécialité médicale aux États-Unis. Sans abandonner sa passion pour le cinéma.

Nayef tourne aussi des films plus personnels avec une petite caméra, dont les thèmes tournent autour du paradoxe du comédien. Il les présente au Festival des Émirats arabes unis, tout comme sa bande de co­pains, regroupés autour d'un ciné-club informel. Il trouve ses modèles dans un Who's Who mondialisé : «Comme acteur, Daniel Day-Lewis. Comme scénariste, mais pas comme metteur en scène, Pedro Almodovar. Comme metteur en scène, Akira Kurosawa.»

Des références bien éloignées des insolences prudentes de 37 Degrés. Dans la réalité, nombre de Saoudiens de moins de 25 ans secouent les normes sociales. Un phénomène qui ne reste pas cantonné aux rejetons des grandes familles commerçantes nomadisant entre Djedda, Londres et New York. Il commence à toucher les enfants d'une classe moyenne émergente, dont les parents sont professeurs ou cadres du pétrole. Accros à Internet et au portable, rêvant d'ailleurs et de liberté. Attachés à la religion - personne ici ne se dit ouvertement athée - et tentés par la modernité. >>> Par Pierre Prier, envoyé spécial du Figaro à Riyad | Jeudi 07 Mai 2009