Thursday, April 23, 2009

Une poétesse libanaise
 brise un tabou

LEFIGARO.fr: Joumana Haddad a créé un nouveau magazine qui parle très librement de sexualité. Une première dans le monde arabo-musulman.

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Joumana Haddad a financé elle-même Jasad, qui connaît un vif succès au Liban, mais aussi dans les pays voisins. Photo grâce au Figaro

Elle ne conduit plus sa voiture. Non par snobisme, mais par souci de sécurité. À 38 ans, Joumana Haddad sait qu'elle risque gros. Cette poétesse libanaise vient de tenter l'impossible en lançant, il y a trois mois, le premier magazine à tendance érotique du Moyen-Orient. Un pari audacieux, dans une région du monde voilée de conservatisme religieux, qui lui vaut des dizaines de lettres d'insultes par jour. Les pirates d'Internet se sont déjà attaqués quinze fois à son site Web, en ne laissant comme unique trace qu'une phrase coranique : «Il n'y a de Dieu que Dieu.»

L'objet du « péché » s'appelle Jasad, «corps » en arabe. Sur sa couverture en papier glacé, la première lettre, le «jim» - l'équivalent de notre «j» -, a été calligraphiée sous forme de menottes ouvertes. «Pour montrer qu'avec ce magazine, je cherche à briser le tabou sexuel», dit-elle. Vendu sous cellophane dans les librairies libanaises, «pour éviter d'attirer le regard des trop jeunes», et par souscription dans les pays voisins, il réserve bien des surprises. Au sommaire du premier numéro : des reproductions d'aquarelles détaillant différentes pauses du Kama-sutra, un dossier sur l'homosexualité et une rubrique «Ma première fois», où une personnalité raconte ses ébats sexuels… Le succès est immédiat : 4 000 exemplaires vendus en onze jours ! Le deuxième numéro, qui vient de paraître, rend hommage au… pénis. Reproduction de sculptures, analyse étymologique du mot, conseils, tout y passe. À en décoiffer un cheikh enturbanné. >>> Delphine Minoui, à Beyrouth | Mercredi 22 Avril 2009