Saturday, March 28, 2009

Altermondialistes: "Un immense cri"

leJDD.fr: Le G20 se réunit le 2 avril à Londres. A l'ordre du jour: la réforme du système financier international. La police est déjà sur le pied de guerre, craignant des débordements venus des altermondialistes. Samedi à Paris, une manifestation est organisée. David Eloy, rédacteur en chef de la revue Altermondes*, décrypte pour leJDD.fr la nébuleuse altermondialiste.

Comment définir la mouvance altermondialiste?

Il n'y a pas de définition très claire, c'est même devenu un sujet d'étude pour les chercheurs. Disons que c'est un ensemble de mouvements citoyens qui, à travers le monde, se mobilisent pour prôner la construction d'une société planétaire qui soit plus juste, plus durable et plus solidaire. A l'intérieur de ce mouvement, on retrouve des acteurs très différents, dans leur histoire et dans leurs pratiques. Certains vont être plus radicaux que d'autres. Ce sont ceux que l'on a le plus vu ces dernières années. Mais au sein de la famille altermondialiste, on retrouve des organisations confessionnelles, des syndicats, des organisations laïques, des associations... tout un ensemble d'acteurs pour qui l'objectif commun est de construire un monde meilleur.

Comment construire ce "monde meilleur"?

C'est très compliqué en effet. Il y a cinquante ans on était communiste ou capitaliste. Il suffisait de choisir son camp. Aujourd'hui, on voit bien que la réalité est plus complexe. Du point de vue de la solidarité internationale, il faut avant tout revoir la façon dont est géré le monde. Or, ce qui prime aujourd'hui, ce sont les questions économiques et financières. Elles priment sur les questions sociales, sur l'emploi ou sur l'environnement. Ce qui nous manque, ce sont des règles claires, équitables, transparentes et justes au service des populations et non des acteurs économiques et financiers pour permettre à ce monde meilleur d'émerger.

"Un déficit de réflexion à long terme"

Nicolas Sarkozy multiplie les déclarations d'intention pour réformer le capitalisme: il parle de morale, d'honnêteté... Cela correspond-t-il aux attentes du mouvement? Sur les intentions c'est effectivement quelque chose de très important. Le mouvement altermondialiste souhaite mettre de l'éthique dans le fonctionnement du monde. Ce n'est pas juste une conception morale, c'est aussi et surtout une conception de justice et de droit international. Mais on sait comment cela fonctionne : il y a les intentions, certes louables, mais quelles mesures vont être prises? Le G20 de Londres va déboucher sur des grands principes. Mais il n'y aura pas de mesures concrètes, pas de réforme drastique du système financier. Or, le système tel qu'il fonctionne ne marche plus. La crise nous le montre. Alors, soit on continue à se voiler la face avec des ajustements cosmétiques, soit on remet à plat l'ensemble des circuits de discussion. C'est fondamental. Il y a un déficit de réflexion à long terme. >>> Propos recueillis par Jérôme GUILLAS, leJDD.fr | Vendredi 27 Mars 2009

*Altermondes, revue trimestrielle de solidarité internationale.