Le Pape veut clore trois semaines d'une crise sans précédent. Il compte sur son prochain voyage en Israël pour effacer les séquelles de l'affaire Williamson.
Rome est assiégée, il faut aller à Jérusalem ! De mémoire romaine, la crise affrontée par le Pape, ces trois dernières semaines, est sans précédent. Il y avait eu, en 2006, le malentendu de Ratisbonne avec l'islam. Il est aujourd'hui pardonné. Après tout, Benoît XVI «débutait» dans sa fonction, et ce faux pas a été minutieusement rattrapé depuis. Il laisse des traces qui ne sont rien face à l'ampleur du trouble, hors et dans l'Église catholique, lié à la levée des excommunications de quatre évêques lefebvristes, dont un négationniste, Mgr Richard Williamson.
Cet acte a ouvert une crise interne inédite : règlements de comptes publics - du jamais-vu - au sein de la curie romaine. Contestations épiscopales, en Allemagne, en France et en Autriche. Le cardinal Christophe Schönborn, archevêque de Vienne, a même dû convoquer pour ce lundi une réunion extraordinaire de la conférence des évêques pour «limiter les dégâts» de cette affaire et ceux de la nomination d'un nouvel évêque controversé à Linz. Cet acte romain a aussi créé une crise externe ouvrant un nouveau contentieux avec le monde juif, dossier déjà très lourd, et une confusion générale dans l'opinion mondiale.
Passé la stupeur de l'onde de choc ecclésiale et internationale, le Saint-Siège a cherché par tous les moyens à calmer la tempête. À trois reprises, le 28 janvier, le 4 février et le 19 février, le Pape a redit, avec des mots différents, une même conviction : le négationnisme est «intolérable et inacceptable» tout comme sa racine, l'antisémitisme. Il est allé jusqu'à reprendre à son compte, pour ses «amis juifs», la prière de Jean-Paul II devant le mur de Jérusalem, exprimée lors du jubilé de l'an 2000. Le Pape avait demandé «pardon à Dieu» pour «toutes les injustices» dont «le peuple juif a eu à souffrir».
Jérusalem, lieu source, dont Benoît XVI attend, en fait, la sortie définitive de cette crise, puisqu'il vient de confirmer qu'il «prépare une visite en Israël». En mai prochain probablement. Annoncé une première fois en novembre 2008, ce voyage en Jordanie et en Israël - presque annulé en janvier avec la guerre à Gaza - pourrait avoir la magie que sa visite en Turquie opéra après l'affaire de Ratisbonne. Le recueillement de Benoît XVI dans la grande mosquée Bleue d'Istanbul apaisa les esprits inquiets. Dans un autre registre, les échanges avec les responsables juifs en Israël pourraient sceller une réconciliation déjà en route. Et en finir avec le point qui fit vraiment scandale : la levée de l'excommunication d'un évêque qui a confirmé son négationnisme. Une réconciliation déjà en route >>> Par Jean-Marie Guénois | Dimanche 15 Février 2009
The Dawning of a New Dark Age (Broché) >>>
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