eMARRAKECH: Cambridge (Massachusetts) - Le mois dernier à Londres, Rowan Williams, archevêque de Canterbury, a donné une conférence nuancée, érudite, posant la question de savoir si le système juridique britannique devrait permettre que des tribunaux non-chrétiens aient compétence sur certains aspects du droit de la famille. La Grande-Bretagne ne connait pas constitutionnellement le principe de la séparation des églises et de l'Etat.
L'archevêque a relevé que "la loi de l'Eglise d'Angleterre est la loi du pays". Effectivement, les tribunaux ecclésiastiques qui étaient naguère compétents en matière de mariage et de divorce font toujours partie du système juridique britannique, où ils ont encore compétence en matière de biens d'église et de doctrine de l'église. Sa suggestion, sous réserve de l'accord de toutes les parties et de la stricte obligation d'assurer l'égalité des droits des femmes, serait d'envisager de permettre à des tribunaux islamiques et juifs orthodoxes de régler les affaires de mariage et de divorce.
Une bombe. Les responsables politiques de toutes couleurs, les dirigeants ecclésiastiques, les tabloïds les plus notoires, tout le monde a demandé au chef de la deuxième église chrétienne du monde de se rétracter, voire de démissionner. Depuis quelques années, l'archevêque Williams fait des pieds et des mains pour maintenir la cohésion de la communion anglicane universelle, en butte à la controverse sur l'ordination de prêtres homosexuels et le mariage homosexuel. Quelque acerbe que fût cette controverse, ce n'est rien à côté du déchaînement suscité contre lui par cette évocation des tribunaux religieux. Faut-il le préciser? Ce n'est pas la mention du droit juif orthodoxe qui a fait scandale. Dans ce débat public, c'est le mot "charia" qui fit l'effet d'une bombe atomique. La charia expliquée >>> Par Noah Feldman
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