MARRAKECH: Asim Siddiqui : Londres - L'archevêque de Canterbury est un personnage remarquablement intelligent et réfléchi. Son intervention du 7 février dernier se voulait une réponse aux problèmes complexes que pose la cohésion communautaire. Il tentait de répondre au sentiment d'aliénation qu'éprouvent certains secteurs des communautés musulmanes britanniques afin qu'ils se sentent mieux intégrés à ce pays.
Si les tabloïds se sont déchaînés, il importe que nous, nous gardions la tête froide. Toute analyse de la charia (principes islamiques de jurisprudence) se heurte à la difficulté suivante: il s'agit d'un concept très vaste, qui englobe à la fois le domaine public et le domaine privé. Il est également susceptible d'une grande diversité d'interprétations. Pour ma part, je serais enclin à affirmer que les objectifs fondamentaux de la charia – protection de la vie, famille, dignité, intellect et propriété – sont tous couverts par la loi britannique. Le but fondamental de la charia est de faire régner la justice. Or ce pays le fait, et plus encore. Pourquoi alors rajouter de la charia à notre système?
Les aspects de la charia auxquels songe l'archevêque se limitent à certains aspects du droit de la famille et du droit patrimonial, c'est-à-dire au domaine des affaires civiles. Nul ne songe à introduire le code pénal dit islamique – aussi, ne perdons pas notre temps à discuter d'une réalité que la plupart d'entre nous refusons déjà pour le monde musulman, et a fortiori pour la Grande-Bretagne.
Parlons donc du droit de la famille et du droit patrimonial, S'agissant de ce dernier, le Royaume Uni procède à une révision de sa législation financière afin de ménager une place aux produits conformes à la charia, tels que les hypothèques halal (conformes aux principes islamiques) et obligations islamiques. Pourquoi? En grande partie pour attirer les milliards de pétrodollars qui flottent en abondance dans les pays du Golfe. Ici, la loi obéit aux réalités de la finance mondiale pour conserver à Londres son statut de capitale financière de premier plan; ce n'est pas ce qui fera de notre ville un « Londonistan ». Réinventer la charia >>> D’Asim Siddiqui*
*Asim Siddiqui est président et administrateur fondateur du City Circle, réseau de jeunes cadres britanniques musulmans, membre de l’ Iraq Commission et de l'Institut international d'études stratégiques.
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