LE MONDE: La Belgique a inquiété ses partenaires européens au cours des derniers mois. Chef d'un gouvernement intérimaire, êtes-vous, alors que votre pays se lance dans un nouveau débat institutionnel, en mesure de les rassurer ?
Ce n'est pas le fait que la réforme des institutions belges soit en discussion qui a étonné. Le fédéralisme est, partout, un phénomène évolutif. Nos voisins se sont en revanche demandé pourquoi, à cause de cela, nous n'arrivions pas à former un gouvernement doté des pleins pouvoirs. Voilà pourquoi j'ai voulu distinguer les deux chapitres et former rapidement une équipe ministérielle, première étape vers la résolution de la crise. La deuxième étape est la discussion sur l'avenir institutionnel.
Notez qu'en 2007 notre bilan a été très bon : la croissance a progressé, le chômage a baissé à 7,3 %, les investissements étrangers ont battu des records et notre dette publique a continué à fondre. Seul le budget a légèrement dérapé avec un déficit public de 0,3 %, le premier après huit années d'équilibre. Mais je sais bien que la vraie question est de savoir si nous arriverons à conclure un nouvel accord institutionnel et à donner de la stabilité au futur gouvernement et à notre pays.
L'exercice est-il possible ?
Je crois qu'il sera très différent des précédents. La Belgique était un pays unitaire qui a évolué vers le fédéralisme en transférant de nombreux moyens financiers et en donnant une large autonomie aux régions et communautés. Cela a engendré vingt années de stabilité politique et permis de résoudre la situation dramatique de nos finances publiques. Cette fois, je crois qu'il faut aussi renforcer l'Etat fédéral : ce n'est pas seulement avec un roi et un premier ministre que l'on stabilise une structure comme la nôtre. On peut transférer des compétences, notamment dans le domaine socio-économique, pour viser l'efficacité. Mais, parallèlement, il faut envisager une circonscription électorale fédérale - pour créer une classe politique et une opinion fédérales -, adapter le système de financement et améliorer la coopération entre les entités fédérées. J'ai remis au roi un rapport en ce sens, afin de décrisper une situation qui avait épuisé les participants mais n'avait finalement pas donné de résultat. "L'Europe doit revenir à la multiculturalité" >>>
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