LE FIGARO: En Allemagne, Benoit XVI est aujourd'hui perçu comme un conservateur dogmatique, auquel il est reproché de brider la modernisation de l'Église.
Le Pape Benoît XVI n'est plus prophète en son pays. Dès son arrivée à Berlin, ce jeudi matin, le Souverain Pontife sera accueilli par des responsables politiques illustrant l'éloignement croissant des Allemands vis-à-vis de l'Église catholique. Le président de la République fédérale, Christian Wulff, est un catholique divorcé et remarié, contraint à l'interdiction de communier, tout comme de nombreux ténors de l'Union chrétienne au pouvoir. Le maire de Berlin, Klaus Wowereit, catholique et homosexuel déclaré, soutient ouvertement les représentants de la communauté gay qui organisent des défilés de protestation contre la venue de Benoît XVI dans la capitale… Légère consolation pour le Pape, relèvent les médias outre-Rhin : la chancelière, remariée, et le ministre des Affaires étrangères, homosexuel, sont tous deux protestants.
En panne d'euphorie, l'Allemagne ne se reconnaît plus en son pape. En avril 2005, l'élection à la tête du Saint-Siège du bavarois Joseph Ratzinger, vécue comme un triomphe national, avait fait la fierté de tous les Allemands. Dans une «une» restée célèbre, le quotidien populaire Bild, le plus lu du pays, s'était enthousiasmé en titrant : «Nous sommes pape !» Cette semaine l'hebdomadaire, Der Spiegel, titre «Der Fremde», l'étranger, se faisant l'écho de la désillusion. Les Allemands s'étaient rêvés un pape à l'image de la nouvelle Allemagne : assumant le passé, sans le renier, ouvert et libéral. Benoit XVI y est aujourd'hui perçu comme un conservateur dogmatique, auquel il est reproché de brider la modernisation de l'Église. » | Par Patrick Saint-Paul | Mercredi 21 Septembre 2011